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Entretien avec Diane Dubeau

Les pères, un domaine de recherche qui suscite la passion

Montréalaise d’origine, Diane Dubeau a toujours adoré apprendre et enseigner. Il faut souligner qu’elle était la fille d’une mère enseignante au primaire ayant fait ses débuts dans une école de rang où il fallait, à l’arrivée, chauffer le poêle de la classe. Des souvenirs qui marquent!  « Enfant, je jouais à la maitresse d’école. Une partie du sous-sol de la maison avait même été aménagée en petite classe avec deux pupitres antiques et un tableau.  Je prenais plaisir à enseigner à des élèves imaginaires, à corriger et à faire des bulletins.  Pour me pratiquer, quelques fois mon jeune frère venait faire l’élève turbulent. » Ce n’est donc pas étonnant pour Diane d’avoir emprunté le chemin de la connaissance.  Pensionnaire au Couvent des Soeurs St-Joseph à Saint-Hyacinthe, Diane prendra son élan et plongera dans la profondeur de la quête du savoir.

Des leçons de vie!
Afin de payer ses études, Diane a travaillé dans des centres de plein air pendant une dizaine d’années durant la période estivale.  Elle se rappelle son expérience en animation au  Domaine des Pins, à Contrecoeur. Ce centre financé par Centraide accueillait une clientèle défavorisée de la région de Montréal.  Elle était responsable également du séjour de groupes pour des clientèles variées ayant un handicap physique ou intellectuel, des personnes en milieu d’intégration arrivant directement du Cambodge, etc.  

« Je dirais même que  les plus belles leçons de vie me viennent de personnes ayant une déficience intellectuelle ! Leurs messages sont clairs, nous avons accès rapidement à leurs sentiments et à leurs émotions. Ils aiment ou ils n’aiment pas, ils comprennent ou pas et c’est à nous de composer avec cette situation et de trouver de nouvelles façons d’expliquer les choses, ce qui n’est pas toujours évident! » Avec un regard lumineux, Diane ajoute : « Je me souviens d’un groupe en particulier où les personnes étaient atteintes d’une déficience intellectuelle sévère.  Lorsqu’elles sont sorties de l’autobus, j’étais découragée, car toute ma planification de la semaine venait de s’effondrer (tir à l’arc, hébertisme...).  Malgré quelques résistances et plusieurs aménagements, nous sommes néanmoins parvenus à faire vivre plusieurs situations à ces personnes dont deux jours de survie en camping sauvage.

Amante de la connaissance
Par la suite, Diane Dubeau a obtenu son baccalauréat en psychologie à l’Université de Sherbrooke (UdeS). Aussitôt, elle ira s’inscrire à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) puisque l’Université offrait une maîtrise en psychologie avec une spécialisation en enfance. Grâce à ses expériences antérieures et ses recherches récentes, elle déposa son mémoire sur les modes de fonctionnement intellectuel chez l’enfant déficient léger.  À la même époque, elle s’est jointe à une équipe de recherche portant sur l’écologie familiale.

Intéressée aux rapports familiaux, Diane poursuivra un stage afin de démystifier la dynamique familiale et l’intervention auprès de l’enfant selon une approche de thérapie par le jeu.  Rapidement, elle constate la difficulté ainsi qu’une certaine résistance à trouver un temps commun pour une rencontre auprès des deux parents. Déjà à cette époque, il était important de travailler conjointement avec le milieu familial ce qui nécessitait la présence des deux parents.  Une fois cet obstacle franchi, ce qui surprend Diane concerne les nombreuses questions du père en lien avec son rôle plus spécifiquement pour le développement de l’enfant. Or, sa formation l’a peu préparé à répondre à ses questions puisque la majorité des théories du développement de l’enfant reposent sur les caractéristiques maternelles.  C’était le point de départ de son projet de doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Plus spécifiquement, elle  voulait  comparer, durant la période d’âge préscolaire de l’enfant, les caractéristiques interactives et relationnelles des mères et des pères dans trois contextes d’interaction. Elle entreprend ainsi ses études doctorales en se fixant comme objectif de terminer sa scolarité en une année.  Malgré le fait que cet objectif lui soit déconseillé, elle amorce une session d’hiver comprenant cinq cours. 

Quand le destin l’emporte sur la raison
Étudiant du matin au soir, se couchant aux petites heures du matin après de longues lectures, la fatigue se manifeste, et le destin se pointe à nouveau. En effet, à la fin de sa session, elle apprendra que la cigogne déposera son précieux présent, la naissance d’Alexandre.   Toutefois, cela ne lui a pas fait hésiter à postuler pour un poste de professeur au Département de la psychoéducation à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) qu’elle obtiendra en juin 1991.

Diane a publié sa thèse de doctorat en 1995. L’année suivante naîtra son deuxième enfant : Mickaël. Ses qualités de pédagogue seront particulièrement reconnues en 2002, où l’UQO lui décerna le Prix d’excellence en enseignement. Par ailleurs, elle est également chercheuse associée au Groupe de recherche et d’action sur la victimisation des enfants – Alliance de recherche pour le développement des enfants dans leur communauté (GRAVE-ARDEC) et à l’équipe de recherche portant sur la Qualité éducative des milieux de vie de l’enfant (QEMVIE)

Depuis plus de six ans, elle assume également la responsabilité scientifique de ProsPère, une équipe de chercheurs universitaires et institutionnels ainsi que d’étudiants dont les travaux et les actions visent à valoriser l’engagement des pères auprès de leur enfant.  Les projets de recherche de Diane Dubeau peuvent se regrouper sous deux créneaux principaux soit la paternité et l’évaluation de programmes d’intervention psychosociale

Les paroles s’envolent, les écrits restent
Désirant mieux soutenir les parents et les milieux d’interventions, la professeure Dubeau a poursuivi ses recherches et a collaboré avec plusieurs chercheurs et partenaires des milieux de la pratique à mettre sur pied de nombreux programmes de soutien à la famille et à l’engagement paternel.  Le 18 mars prochain, elle dévoilera une publication intitulée : Paternité au 21e siècle.  Ce livre répond à un grand besoin puisqu’il y a très peu d’ouvrages en langue française sur le sujet. Un des atouts du volume est qu’il intègre les connaissances et les actions à poser sur les pères, l’inventaire des programmes d’interventions existants. Il favorise également le transfert des connaissances et la promotion d’outils originaux d’interventions.

On ne nait pas père, on le devient!
Que signifie un père engagé? Qu’est-ce qui explique que certains pères sont plus engagés que d’autres ? Cet engagement fait-il une différence et si oui, pour qui ? Existe-t-il des différences entre l’engagement des mères et celui des pères ? Quels sont les défis posés à la famille, mais également à la société quant à cet engagement accru des pères? De belles questions pour alimenter un dialogue essentiel pour nos enfants qui seront les parents de demain. 

Diane Dubeau mentionne : « l’importance des changements sociaux vécus qui ont affecté le fonctionnement des familles, et ce, sur  une très courte période de temps. Pensons à la place des femmes sur le marché du travail! Cela a exigé un nouveau partage des tâches. »  Par ailleurs, avec un taux de divorce et de séparation touchant près de la moitié des familles,  les modalités des gardes partagées ont influencé et accru le rôle du père. Autant de changements qui posent de beaux défis à l’exercice des rôles.

Diane Dubeau présentera une conférence publique intitulée Qui pères gagnent : l’engagement des pères dans les familles d’aujourd’hui  le 18 mars 2009, à 19 h, à la Grande salle de l’UQO. À cette occasion,  Diane Dubeau souhaite transmettre un message : les pères sont importants. Ils affirment leur paternité à leur manière, et surtout, on ne nait pas père, on le devient!
Que vous soyez père ou mère ou que vous souhaitez le devenir, cette soirée pourrait devenir une source d’inspiration en alimentant vos réflexions quant aux rôles parentaux exercés par les mères et les pères.  Les enfants sont au cœur de ces dialogues puisqu’ils seront les parents de la prochaine génération.

 

 

Diane Dubeau

Sur la photo : Diane Dubeau, professeur au Département de psychologie et psychoéducation de l’UQO, présentera une conférence publique intitulée Qui pères gagnent : l’engagement des pères dans les familles d’aujourd’hui, le 18 mars 2009, à 19 h.

 

 

 

 

 

 

 

Paternité au 21e siècle

En plus de vaquer à ses occupations d’enseignante, Diane Dubeau est également chercheuse. Elle dévoilera, le 18 mars prochain, une publication intitulée : Paternité au 21e siècle.