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La professeure Monique Séguin de l’UQO : une experte en prévention du suicide reconnue mondialement


Reconnue mondialement pour son expertise en prévention du suicide et les personnes endeuillées, la professeure Monique Séguin de l’UQO a récemment été honorée lors de la collation des grades 2015.

Madame Séguin a reçu le Prix d’excellence en recherche pour les professeurs 2015, un honneur pleinement mérité.

« C’est un bel honneur parce que ce n’est pas tous les jours, ni même à toutes les années que l’université remet un Prix d’excellence en recherche », affirme la professeure Séguin.

André Manseau, doyen au Décanat de la recherche à l’UQO, souligne que la production scientifique de madame Séguin au cours des 20 dernières années est constante et impressionnante : elle a obtenu 61 subventions de recherche, publié 90 articles scientifiques et plus de 150 communications scientifiques. Elle est auteure ou coauteure de 14 livres, en plus d’avoir collaboré à près de 30 autres livres. Elle a supervisé plus de 40 étudiants à la formation en recherche.

« Ses travaux de recherche ont véritablement révolutionné le champ des pratiques dans le domaine de la prévention du suicide ainsi que de l’accompagnement des personnes endeuillées par le suicide », explique monsieur Manseau.

Ces travaux de recherche ont notamment permis de constituer une banque de données inestimable de plus de 700 trajectoires de vie de personnes décédées par suicide ou ayant eu des conduites suicidaires. Cette banque est utilisée par des dizaines de chercheurs à travers le monde.

Monique Séguin a aussi été sollicitée pour son expertise auprès de ministères et d’agences de santé au Québec, au Nouveau-Brunswick, au Canada, aux États-Unis, en France, en Belgique et en Suisse. Ses travaux ont donné lieu à des interventions dans plusieurs secteurs aux prises avec le suicide : les jeunes, les autochtones, les militaires, ainsi que dans les milieux carcéraux, les suicides sur les chemins de fer, la prévention de la violence, les politiques de santé mentale, etc.

Il s’agit d’une feuille de route impressionnante pour elle qui est toujours aussi sollicitée. « Lorsqu’on est dans tout ça, on ne s’en rend pas compte. Il y a beaucoup de demandes et des besoins. Ce sont toutes des demandes qui me touchent beaucoup », répond madame Séguin.

Monique Séguin est aussi reconnue pour ses travaux auprès des personnes proches des suicidés, ce qui a permis de développer des services cliniques pour les personnes endeuillées à la suite d’un suicide, ainsi que des formations auprès des professionnels de la santé suite à la perte d’un de leur patient qui s’est enlevé la vie. Notons particulièrement ses interventions au Québec dans les écoles et à la suite de la fusillade tragique survenue au Collège Dawson en 2006. Ces travaux ont permis la mise à jour du programme d’intervention en milieu scolaire au Québec.

Cette volonté de vouloir comprendre et aider les gens endeuillés ou les personnes aux prises avec des pensées suicidaires, elle l’a découverte lorsqu’elle était au début de ses études à la maîtrise.

« C’est vraiment un hasard. Quand j’étais étudiante en psychologie à Montréal, quelqu’un m’a dit que l’université avait développé un centre de prévention du suicide et qu’on y offrait une formation de 90 heures aux bénévoles. Quand on est en psycho, on a peu de formation clinique et pratique, et ç’a m’a intéressée. En échange de la formation gratuite, il fallait faire du bénévolat pendant six mois. Répondre au téléphone. »

Ces appels à l’aide l’ont beaucoup touchée et interpelée. Originaire de Montréal, elle enseigne à l’UQO depuis 1993. Elle a souvent l’occasion d’y retourner, car elle est aussi chercheuse au Groupe McGill d’études sur le suicide (GMES), à l’Hôpital Douglas de Montréal.

Sollicitée de toutes parts, Monique Séguin travaille avec le ministère de la Santé du Québec afin de développer une intervention de crise qui sera obligatoire pour tous les intervenants dans le milieu de la santé.

Elle a aussi été approchée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministère de la Santé de la Tunisie, où elle s’est rendue pour une troisième fois à la fin de novembre. Elle travaille à la mise sur pied d’une stratégie nationale de prévention du suicide pour la Tunisie.

Elle explique que le tourbillon déclenché lors des mouvements révolutionnaires du Printemps arabe, en 2011, a aussi provoqué une hausse du taux de suicide. « La première stratégie à mettre en place est la formation des intervenants, et donc on m’a demandé d’aller développer ce programme. »

Que ce soit des adolescents en détresse, des adultes en difficulté ou des militaires ayant vécu des traumatismes lors de missions à l’étranger, le suicide fait l'objet de plusieurs reportages dans les médias.

À l’ère des communications instantanées, Monique Séguin voit les médias sociaux et l’Internet comme des outils qui peuvent aider grandement les efforts de prévention du suicide. Elle reconnaît que les gens ont tendance à voir les médias sociaux de façon négative, car on y retrouve du harcèlement.

Mais il s’agit aussi d’outils puissants pour rejoindre les gens en difficulté. Elle donne l’exemple de la fusillade au Collège Dawson, à Montréal, en 2006. « À Dawson, les médias sociaux ont été très aidant. Tout près de 15 % des étudiants ont trouvé de l’aide via les médias sociaux. Il y a tout un mouvement pour apporter de l’aide, de la psychothérapie à travers les médias sociaux, à travers le web. C’est tout un courant de santé électronique. »

Sur le Web, il y a du bon et du mauvais et il faut que le bon dépasse le mauvais. La professeure Séguin affirme que les cliniciens, les intervenants et autres experts se doivent donc d’être présents sur Internet.

« Il faut qu’on soit là, il faut proposer des choses et il faut que l’on mette du matériel. Si on n’habite pas le web, d’autres vont l’habiter. Ça nous oblige à trouver des façons différentes d’intervenir. »

L’équilibre demeure délicat. Il ne faut pas cacher la problématique du suicide. Il faut en parler, mais faire attention à la façon d’aborder le sujet afin d’éviter de provoquer un effet d’augmentation ou d’imitation, explique Monique Séguin.

« Les médias peuvent être une source positive s’ils sont capables de canaliser les messages sur le fait que ce sont des personnes qui souffrent et que les gens peuvent aller chercher de l’aide. Ce n’est pas de le taire, mais de savoir comment en parler. »

 

 

De gauche à droite, madame Lyse Ricard, présidente du conseil d’administration de l’UQO, le recteur, monsieur Denis Harrisson, la professeure Monique Séguin, récipiendaire du Prix d’excellence en recherche pour les professeurs 2015, madame Sylvie Beauchamp, présidente de l’UQ, et monsieur André Manseau, doyen du Décanat de la recherche.

La professeure Monique Séguin dans son bureau de l’UQO – Campus de Gatineau.

 

 

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