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La gestion maladive s’incruste dans tous les pans de nos sociétés; délogeons-la!

Aujourd’hui, tout se gère : les villes, les administrations, les institutions, mais également la famille, les relations amoureuses, la sexualité, les sentiments et les émotions. La culture gestionnaire met le monde sous pression et banalise l’épuisement professionnel, le stress et la souffrance au travail. Il s’agit à présent de repenser les fondements du contrat social pour que l’économie n’en vienne pas à se développer contre la société. Vincent de Gaulejac, professeur de sociologie et directeur du Laboratoire de changement social à l’Université Paris VII, ainsi que membre fondateur de l’Institut international de sociologie clinique, approfondira ce sujet préoccupant lors de sa conférence intitulée La société malade de gestion; repenser les fondements du contrat social, le mercredi 24 février prochain, à la Grande salle de l’UQO.

Quand la richesse engendre la détresse

Toute entreprise a pour but de s’accroître, d’accaparer la plus grande part de marché possible et, bien entendu, de s’enrichir. Toutefois, cette quête insatiable et effrénée du rendement financier et l’obsession de la performance transforment la société en un marché, un champ de bataille insensé où le remède proposé aux méfaits de la guerre économique consiste toujours à durcir la lutte. Le contrecoup de cette quête? Le Moi de chaque individu est devenu un capital que chacun doit faire fructifier.

Est-il trop tard pour renverser la vapeur et sauver nos sociétés atteintes de gestion maladive? Pour monsieur de Gaulejac, il n’est jamais trop tard pour faire mieux. « Entre la crise financière et l’accroissement implacable de tous les symptômes révélateur de la souffrance au travail, il est temps de réagir. Mais je doute que les décideurs en place, même s’ils commencent à se rendre compte de l’existence de ces problèmes, soient vraiment décidés à les traiter parce qu’ils ne veulent pas voir qu’il convient de repenser en profondeur notre système économique et l’idéologie gestionnaire qui l’accompagne. Par contre, nous voyons fleurir, un peu partout, des initiatives et des pratiques bien encourageantes. Elles ne sont pas spectaculaires, elles ne prétendent pas “sauver la société”, mais elles préfigurent un autre monde dans lequel “le lien vaut mieux que le bien”. »

Prendre en charge la guérison de la société en tant qu’individu

Vincent de Gaulejac souligne l’importance de commencer dès aujourd’hui à construire un monde dans lequel le lien vaut mieux que le bien, et ce, quelle que soit sa position, sa condition ou son métier. « Marcel Mauss disait que le fondement du lien social reposait sur la triple obligation de donner, de recevoir et de rendre. Or, nous avons le sentiment que la société capitaliste transforme cette exigence en obligation de vendre, d’acheter et d’être rentable ». Selon le professeur, la clé de la réussite réside dans la gestion plus humaine des ressources, le passage de la conception de l’individu ressource à l’individu sujet, l’importance de redonner du sens à l’action et de retrouver la joie de donner en public et, enfin, dans la transition de la société de marché vers l’économie solidaire.

La passion de monsieur de Gaulejac pour la sociologie remonte aux années soixante et s’inscrit dans les bouleversements existentiels, politiques, idéologiques et sociaux de cette époque. « Un élément important a été mon expérience comme éducateur de rue où je découvre l’importance des enjeux de classe, la stigmatisation dont sont l’objet les jeunes issus des milieux défavorisés et la violence symbolique qui l’accompagne ». Vincent de Gaulejac acquiert par la suite plus de trois doctorats, dont un en sociologie, enseigne et effectue de nombreuses recherches. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, dont Le Coût de l’excellence (avec Nicole Aubert, Seuil, 1991, 2007), La société malade de la gestion (Seuil, 2005), La sociologie clinique (ouvrage collectif, ÉRÈS, 2007), Intervenir par le récit de vie (ouvrage collectif, ÉRÈS, 2008) et plus récemment Qui est « JE »? (Seuil, 2009).

L’UQO vous invite à venir trouver les remèdes à la maladie de la gestion en compagnie de monsieur Vincent de Gaulejac lors d’une conférence organisée en étroite collaboration avec la Société Gatineau Monde et l’ambassade de France au Canada, le mercredi 24 février, à 19 h, à la Grande salle de l’UQO, 283, boul. Alexandre-Taché, porte 1, Gatineau.

Billets en vente aux librairies COOPSCO Outaouais : aux deux pavillons de l’UQO, au Cégep de l’Outaouais et à la Cité collégiale, à la librairie du Soleil (Gatineau et Ottawa), à la librairie Michabou, au Relais Camp de base ainsi que sur place dès 18 h le soir de la conférence.

Tarif étudiant : 10 $

Tarif régulier : 15 $ en prévente et 20 $ à la porte.

Pour plus d’information veuillez communiquer au 819 595-3900, option 0 ou consultez la page Web : uqo.ca/savoir.

 

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