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Quand l’horloge ne tourne plus rond!

Travailler de longues heures peut être éreintant. Devoir composer, dans le cadre de son travail, avec des horaires rotatifs (travail posté ou quart de travail) l’est encore davantage. On dit qu’une personne dont l’horaire de travail change constamment à chaque semaine fait l’équivalent d’une semaine de travail à Tokyo, une semaine à San Francisco et une semaine à Paris, mais sans le bénéfice de voyager!

Ces bouleversements constants des horaires de travail peuvent être nocifs pour la santé physique et avoir des conséquences sérieuses sur la santé mentale. Les personnes qui travaillent sur des quarts de travail changeants dorment en moyenne cinq à sept heures de moins par semaine que les autres travailleurs. Leur sommeil est de piètre qualité et moins réparateur. Ces personnes s’exposent également à un risque plus grand d’erreurs de jugement et d’accidents, car elles sont plus somnolentes et manquent de concentration pendant leur travail.

Finalement, à cause de leur vie chamboulée, ces personnes ont souvent des difficultés familiales (problèmes d’ajustement avec leur horaire), mais également des symptômes physiques, tels que des problèmes gastro-intestinaux, parce qu’elles consomment trop de caféine et n’ont pas d’horaire de repas constant. La réalité sociale est telle qu’on ne peut souvent éviter ce genre d’horaires. Il est donc important de tenter de minimiser les impacts négatifs que ce mode de vie peut avoir à court et à long termes.

Tout d’abord, travailler selon un horaire régulier est beaucoup plus facile que selon un horaire rotatif. On recommande habituellement de conserver le même horaire pendant deux à trois semaines afin de permettre à notre horloge biologique interne de s’ajuster. Lorsque cela est impossible, il est préférable d’alterner tous les deux ou trois jours, car ces changements très rapides garderont notre horloge interne synchronisée sur l’horaire « normal » (c’est-à-dire l’horaire que la majorité des gens suit).

Aussi, il est plus facile, dans le cas des horaires rotatifs, de suivre le sens des aiguilles d’une montre, c’est-à-dire de travailler de préférence le jour, puis de soir, puis de nuit. Cette façon de faire est moins exigeante car elle va dans le même sens ou tendance naturelle que notre horloge biologique interne. Il est aussi très important de tenter de conserver le même horaire lors des fins de semaines ou lors des congés afin de ne pas perdre notre « rythme ». Si vous prévoyez des changements à votre horaire, vous pouvez également commencer à changer graduellement vos habitudes quelques jours avant afin d’effectuer une transition douce vers votre nouvel horaire.

Finalement, quand vient enfin le temps de vous reposer pour votre « nuit », organisez votre chambre à coucher de manière à ne pas être dérangé : débranchez le téléphone, mettez-vous des bouchons aux oreilles, utilisez des rideaux très opaques ou un masque sur les yeux.

 


 

 

Geneviève Forest

 

par Geneviève Forest, professeure
Département de psychoéducation
et de psychologie